
- Ads viennent que pour rats -
Un système est par définition un ensemble de pratiques organisées en fonction d’un but. Un but qui reste fondamentalement flou, quelque chose vers lequel on tend sans savoir quand est ce qu’on l’atteint réellement. L’épanouissement, le bonheur, la réussite, l’accomplissement personnel, le bien-être, la richesse. Toutes ces notions n’ont pas de limites tangibles. On cherche à en avoir, et en avoir encore plus serait encore mieux.
Le système dans lequel nous évoluons est facilement critiquable. Certaines failles sont béantes et évidentes d’autres plus subtiles et plus complexes. On entend souvent « On vit dans une société qui va mal », on constate facilement les désastres écologiques, politiques et les nombreuses crises qui nous entourent. Malgré tout cela, notre but reste inéluctablement et fatalement la recherche de l’épanouissement physique, pécunier, ou moral. C’est ce que représentent ces trois petits rongeurs iconiques, et finalement destinés à une audience d’un jeune âge. Mickey, Ratatouille et Hamtaro. Chacun évolue dans son système, un système circulaire et cyclique dont le but est d’avancer. Ils représentent à leur manière les caricatures de ces notions comme l’accomplissement personnel du « FitBoy » pour lequel la musculature saillante est le but ultime. L’autre est convaincu que c’est par le travail acharné qu’il acquerra son bonheur, en retard au travail on l’imagine déjà possédant (ou remboursant) un monospace et une maison pavillonnaire en périphérie de Paris. Le dernier, malgré toutes les vocations anti-système et marginales qu’il s’attribue, l’est tout autant que les autres. Qu’il le veuille ou non, il avance dans la vie selon un but intangible. On verra où cela nous mène, « advienne que pourra ».
Rouge, Vert, Bleu. Abréviées en trois lettres, RVB ce sont l’essence même du monde numérique. Les trois couleurs qui fondent le « pixel ». Finalement ces roues pour ratons sont une métaphore d’un système récent dirigé par la connexion et l’internet. Entre toutes les pages web, toutes les publicités, tous les réseaux sociaux, tous les contenus vidéos qui nous submerge dès qu’on scroll un peu plus bas, les pixels nous envoient inconsciemment une dose de dopamine pour oublier la misère du monde. Ces pubs joviales qui prônent les voyages, l’achat massif de milliards d’objets quelconques venus d’Asie, de formations professionnelles, bref je ne me risquerai pas à toutes les lister ! Avènement déjà marqué il y a une cinquantaine d’année avec l’arrivé de la télévision dans les foyers et le début de la promotion de la société de consommation. Représenté ici par l’homme en cravate rouge avec une TV cathodique en guise de tête. En 2024 nous sommes désormais à un autre niveau d’influence, et qui dit audience, dit « Ad » ou « Ads ». Venu de l’anglais « Advertisement » signifie « Publicité ». Tous ces noms, ces logos, ces marques sont omniprésents. De manière subtile et ambivalente, elles façonnent et inondent les esprits des vieux comme des jeunes. Elles sont donatrices de buts, elles ouvrent les perspectives d’un petit rat dans son système circulaire.
Inéluctablement « Ads viennent que pour rats ».
Une idée numérique qui transperce Dawn, le visage couleur de rat de laboratoire en pleine expérimentation. Avec des larmes pixélisées qui gagnent insidieusement sont iris et sa rétine.
Dawn the Little Boy,

