
- Pérégrinations -
De retour de voyage, l’air est le luxe. Les autres passent par la terre et l’eau. Chaque peuple a eu son lot d’expéditions et de caravelles à la recherche de nouvelles terres, dans un but de conquête, de suprématie, et navigant jusqu’à l’appropriation de terres et d’êtres humains. Mouais. Alors qu’il offre pourtant de nouveaux horizons, de nouvelles cultures, ce sont quand même des connotations assez néfastes que le voyage endosse. De plus en plus banalisé on traverse la planète, 18 253 kilomètres presque d’une traite ! Polluant qui plus est, bref, à part la satisfaction personnelle de la découverte il n'y a peut-être pas grand-chose de bon à en tirer. D’un côté, le fait qu’une activité ne profite égoïstement qu’à un petit groupe en détériorant plusieurs aspects de la Terre et de la Nature, ça n’est pas vraiment bénéfique.
Les autres, ne considèrent pas le voyage de cette manière. Déjà ils ne passent pas par l’air. Et puis c’est plutôt une fuite. Maintenant les flux migratoires c’est monnaie courante. Beaucoup de choses interagissent avec beaucoup d’autres choses, ça crée beaucoup de problèmes. Certains pays ne s’en sortent pas quand y a trop de problèmes. Je peux les comprendre moi aussi je fuis mon pays à ma façon, en y restant quand même à moitié, pour profiter des bons avantages mais loin des yeux loin du cœur. C’est dire à quel point s’est impensable pour nous de se mettre à la place de quelqu’un qui fuit son pays pour des raisons de guerres, de génocides ou de dictats. Alors que les flux terrestres augmentent, les questions morales vont de paires. A quel point es-tu à l’aise avec un étranger ? A quel point es-tu à l’aise avec toi-même d’ailleurs ? C’est fou de se dire qu’on se monte les uns contre les autres pour des questions d’acceptation d’autres humains, qui eux ont des vies si dures qu’ils doivent fuir, pour ensuite se refaire jeter, puis encore.
C’est un parallèle assez délicat dans mon métier d’ailleurs. Parfois on me demande de tuer des plantes qui ne sont pas locales. Elles ont été amenées ici par des moyens humains, et elles prennent la place des indigènes. Il faut donc les éradiquer ! Cela s’explique par la science et l’écologie, il faut le faire pour préserver les espaces et la biodiversité, mais fondamentalement je crois que ça me déplait. Alors voilà, revenant de pérégrinations luxueuses, j’écris en imaginant l’inimaginable. Sur un fond d’estampe de l’autre bout du monde j’illustre les animaux du célèbre film d’animation qui essaient de fuir leur zoo. La grande vague de Kanagawa par Hokusai crée le mouvement laissant tomber notre plus proche ancêtre intelligent derrière l’embarcation. Perplexe il se questionne et se gratte le crâne avant son naufrage. On voit sur chaque gilet de sauvetage des drapeaux de pays sans pouvoir en peindre une liste exhaustive. A l’avant Scrat essaie encore et toujours de saisir ce gland si précieux, son El dora d’eau qui lui fait traverser les paysages. Le Little Boy, quant à lui encore dans ses pensées depuis son long périple, pense à tous ces sujets que renferme le voyage pendant que ses joues s’estampent de larmes salées.
Dawn the Little Boy,

