- Sous France -


Soumise, impuissante, masochiste, opprimée … Telle est la position de la célèbre « Reine des Neiges » installée dans l’Océan Indien. Ce symbole au succès mondial est aujourd’hui dans une bien belle posture. Elsa s’est installée à Mayotte. Une île, un département français, où règne en 2023 une sécheresse des plus violentes. Selon moi, La Reine des Neiges qui s’adonne à des pratiques BDSM incarne l’allégorie parfaite de cette crise. Chaque élément compte, chaque détail a son sens pour étayer cette emblématique soumission.

Un symbole souillé : La Reine des Neiges est une des princesses qui a marqué une génération de jeunes enfants dès la sortie du premier volet en 2013. La bande originale du film, connue de tous, a eu une portée internationale auprès d’un public très large touchant même les parents et grands-parents. Alors qu’Elsa puise son pouvoir de l’eau, de la neige, de la glace, elle représente ici l’égérie de cette nouvelle génération bercée par sa voix. En mettant Elsa en protagoniste, j’illustre les jeunes des générations à venir pour lesquels le manque d’eau et les sécheresses seront des problématiques de plus en plus présentes.

La soumission et l’impuissance : Enchaînée et bâillonnée, elle ne peut se mouvoir ni s’exprimer. Dans l’incapacité d’utiliser ses pouvoirs, l’eau se fait rare. Il est difficile de savoir à quel point le manque d’eau vous soumet tant que vous n’y êtes pas confronté. Les quelques épisodes de canicules estivales en témoignent, la France ne sait plus quoi faire dès que le thermomètre dépasse les 37°C. A Mayotte cette situation s’aggrave depuis les années 80. Le manque d’infrastructures, le manque de réseaux d’eau et d’assainissement n’ont que très peu évolué depuis près de 40 ans. Bien que la situation s’améliore doucement depuis la départementalisation, les manques sont bien trop importants et la météo, les pluies et le kashkasi n’en ont rien à faire ... Dommage ! Elsa soumise pieds et mains liés illustre aussi les politiques gouvernementales inactives qui ne se soucient de Mayotte que de loin en loin.

La tentation narquoise et masochiste : Le masochisme se définit par la pulsion de trouver le plaisir dans les humiliations qui lui sont infligées ou la douleur. Ici l’axe que j’ai pris est d’illustrer l’humiliation par des robinets, pommeaux et tuyaux aux formes phalliques en surfant sur la limite de la pornographie et des Hentaïs japonais. Ces robinets galvanisés à l’idée de voir cette figure emblématique à leur merci, laissent échapper une goute fuyante qu’ils ne peuvent retenir. Ces verges chromées impatientes de déverser leurs dernières gouttes contaminées au plomb et non potable. Mayotte voit son eau rationnée quotidiennement par des coupures d’eau, non consommable sans filtration ou ébullition, et dévalisée quand il s’agit des maigres stocks d’eau minérale importés. L’eau régit la Vie. Vous l’aurez compris, la tentation, l’humiliation et la soif sont cruelles et bien réelles.

Le masochisme par la population : Cette direction prise dans un axe provocateur et « maso » s’adresse aussi à tout un public qui ferme les yeux. Une population titubant entre l’inconscience et la bêtise quant à sa consommation d’eau. J’en fais partie. Je cro​is qu’il s’agit d’un caractère que l’humain a emprunté aux autruches. Dès lors que le confort souverain dont nous jouissons avec démesure est déstabilisé, nous ignorons les conséquences, nous ne prenons pas conscience de la gravité. Alors oui, je vais évidemment continuer de laver ma voiture rutilante alors que mes besoins primitifs sont mis en danger. Je ne vais quand même pas aller travailler avec une voiture sale ! C’est ce que j’appelle se tirer une balle dans le pied. Une pratique fortement appréciée par les masochistes en recherche de douleur. Je vais aussi remplir des litres et des litres inutiles pour être sûr de ne pas manquer d’eau. Je vais aussi profiter de ma douche, évidemment, puisqu’elles se font rares !

Cette illustration est choquante, je le sais. Elle dérangera. On n’a pas l’habitude de voir notre princesse préférée soumise et sexualisée. C’est là ma façon d’exprimer tout mon dégout, toute ma rage, toute ma tristesse. Depuis bien des années Dawn mon Little Boy verse des larmes sur des sujets sociétaux plus tristes les uns que les autres. Cette fois ses larmes ont disparu, évaporées, ne laissant plus que deux traînées poussiéreuses glissant sur les joues du Little Boy.


​Dawn the Little Boy,