- The Dawnsons -


Alors que nous nous réunissons entre amis pour nos vernissages, le thème « Mémoire » est à l’honneur. C’est l’occasion de plonger dans son passé et arpenter ce chemin qui s’efface un peu chaque jour. Avec les années, les occupations, les passions, les souvenirs présents qui demandent à être gardés à tout prix, se souvenir est finalement peu présent dans mon quotidien. Quand prenez-vous le temps de creuser, chercher, fouiller dans cette vision tumultueuse et brumeuse de vos pensées et mémoires à 8 ans ? 14 ans ? 18 ans ?

En essayant de m’y atteler, je me suis rendu compte que mes souvenirs sont extrêmement flous, les noms latins de papillons les butinent peu à peu. De déménagements en déménagements j’ai le sentiment de ne pas avoir ancré mes souvenirs, comme s’ils avaient été trimballés un peu partout brusquement. Les souvenirs c’est aussi la vie de famille, notre apprentissage d’éducation quotidienne et scolaire. Ça n’est pas le cas pour tout le monde, mais parfois la vie de famille c’est compliqué. J’aime bien ma famille proche, mais c’est compliqué. Le fait de vivre des moments modelés et crées de réactions, d’émotivité, d’emportements ou de tempéraments est incroyable dans la direction que peut prendre un individu et son cerveau. Ces paramètres (non exhaustifs) orientent le présent et par conséquent le souvenir à son instant de création. S’ajoute à cela l’interprétation interne et personnelle de ces souvenirs ancrés. De jours en jours, d’énervements en énervements les amoures se froissent même au sein d’une famille qui se veut soudée dans l’idéal utopique. Voyez par vous-même la famille Simpson n’a encore jamais cédé, et elle n’y a failli qu’une seule fois. Ça n’a pas été le cas pour les Duprez-Gommichon.

A 28 ans, revenir 20 ans en arrière me semble impossible. Pourtant, s’illustrent ça et là des mémoires très claires, des moments de vie faciles d’accès. Pourquoi n’est-ce pas le cas de tous les autres moments ? Qu’est ce qui fait que l’obscurité s’est emparée d’une partie de mon passé ? Qu’est ce qui fait aussi, que certains souvenirs se soient enjolivés et améliorés et se falsifient ? En tout cas, c’est fascinant ! J’ai pris beaucoup de plaisir à aller chercher ces anciens éléments pour les ramener au-devant de ce grand tiroir qui sert de rangement. Jonglant ainsi à réadapter la famille iconique avec ma famille iconique. C’est aussi là la prouesse de la famille Simpson, d’être adaptable et malléable afin qu’un immense nombre d’humains puissent s’y identifier. Il y a ici des détails qui sont pour moi emblématiques dans ma vie et mon histoire familiale, faisant partie intégrante de la décoration de leur salon, trônant banalement au-dessus du canapé. Je n’avais jamais fait ce lien sans y accorder du temps, et pourtant il était là dans chacun des génériques. Dans ma famille il n’y a pas la petite Maggie, mais Sam était notre Papa Noël. L’aimant énormément je voulais l’ancrer encore un peu plus dans ma mémoire. Cette fois le Little Boy est secondaire, il est sur le canapé, a son cerveau sous le coude et brise le 4ème mur d’un regard. Habituellement ce regard larmoyant est central dans chacune de mes illustrations. Pour la première fois, il est masqué par ces zones d’ombre peu palpables qui obstruent la vision, un souvenir virevoltant d’un grand papillon je n’ai qu’à peine observé (Papilio oribazus). Au fond serpente une faille à la fois belle et ténébreuse. Elle déforme d’ailleurs tout le cadre de cette illustration mais n’entache pas la couleur joviale et solaire qui fait rayonner cette famille                                      


​      Souvenirs, vous me manquez,​ Dawn the Little Boy.